30 Août 2010
Paris 2002. Julia Jarmond, journaliste américaine, est chargée de couvrir la commémoration du Vél d'Hiv. Découvrant avec horreur le calvaire de ces familles juives qui furent déportées à Auschwitz, elle s'attache en particulier au destin de Sarah et mène l'enquête jusqu'au bout, au péril de ce qu'elle a de plus cher. Paris 16 juillet 1942. A l'aube la police française fait irruption dans un appartement du Marais. Paniqué, le petit Michel se cache dans un placard. Pour le protéger, sa grande soeur l'enferme et emporte la clef, en lui promettant de revenir. Mais elle fait partie des quatre mille enfants raflés ce jour-là.
Etant une férue d'histoire, j'aime particulièrement les romans traitant de la seconde guerre mondiale, ce livre me tentait donc bien évidemment ! D'autant plus que j'ai lu d'excellentes critiques concernant ce roman.
Comme toujours quand je lis des critiques élogieuses sur un livre j'ai tendance à mettre ce livre sur un sorte de piédestal et malheureusement je ressors de ma lecture, la plupart du temps très déçue...et ce roman n'a pas dérogé à la règle.
Ce roman, construit en deux parties, partait néanmoins d'une excellente idée. Alterner les récits d'une petite fille juive lors de la rafle du Vel' d'Hiv en juillet 1942 et celui d'une journaliste américaine vivant à Paris depuis dix ans en 2002. Cependant ces deux récits ne sont malheureusement pas bien équilibrés.
Je dois avouer que la partie sur la petite Sarah m'a particulièrement plu. Elle m'a captivé et ému, parfois jusqu'aux larmes. Pourtant j'ai regretté une certaine vitesse dans le traitement de l'histoire de Sarah. Je pense que j'aurais préféré n'avoir que son récit et non celui de l'américaine.
En effet, si l'histoire de la journaliste se mêle habillement à celle de la petite fille juive, cette partie m'a vraiment déplu et je pense que cela est dû en grande partie au personnage principal qui m'a prodigieusement agacé. Rien ne trouve grâce à ses yeux, la France et les français lui deviennent de plus en plus insupportables et ensuite quand elle se rend en Italie, elle ne trouve rien de mieux à faire que de critiquer à nouveau. Personnellement j'ai trouvé ces critiques incessantes particulièrement pénibles et hors sujet, si je puis dire. Ces deux histoires qui se mêlent entre elles auraient pu être très poignantes or l'attitude de la journaliste casse complètement le rythme dramatique du récit.
Pour autant, j'ai été, je l'avoue, vraiment intéressée par tout cet aspect recherche de la vérité et découverte d'un fait noir de notre histoire. Car l'épisode de la rafle du Vel d'Hiv fut vraiment affreux et le roman de Tatiana de Rosnay décrit bien les horreurs qu'on vécut les familles juives. Je pense que l'auteure a vraiment dû faire un travail de recherche important pour l'écriture de ce roman et on ne peut que en être impressionné. De fait, j'ai dévoré ce roman en moins de deux jours.
Un petit mot sur les personnages maintenant. Comme je l'ai dit, celui de Sarah m'a plu et ému. J'ai aimé suivre son histoire mais j'ai été particulièrement déçue par la fin de celle-ci. A vrai dire, c'est probablement dû au fait que la fin de sa vie est raconté de façon indirect mais pour tout dire, ce n'est pas du tout à quoi je m'attendais et cela m'a déstabilisé. Sa famille m'a également touché et le sort du petit Michel ainsi que le dévouement de sa sœur sont terriblement émouvant. La famille française ainsi que l'italien qui apparaît à la fin du roman sont des personnages peu présents mais bien sympathiques (je pense notamment au beau-père de la journaliste, ses actions et discours m'ont vraiment plu et ému). Je dirais que seuls deux personnages n'ont pas trouvé grâce à mes yeux. Le mari de la journaliste, cliché du parisien imbu de lui-même et du macho égoïste en pleine crise de la quarantaine et la journaliste elle-même (bon ça je pense que vous l'aviez déjà compris !). En effet, outre son côté agaçant quand elle critique tout et n'importe quoi, son apathie extrême et sa mollesse m'ont donné envie de rentrer dans le livre, de me planter devant ce personnage, de la prendre par les épaules et de la secouer un bon coup avant de lui dire d'arrêter de se poser toujours en victime (oui je sais je suis folle !).
Enfin, j'arrive au plus gros problème que j'ai rencontré avec ce roman ce fut le style. Je ne comprends pas bien pourquoi l'auteure a tenu à écrire ce roman en anglais, qui est pourtant sa langue maternelle (elle est bilingue français et anglais), car pour le coup j'ai vraiment eu l'impression que quelque chose clochait. Je ne saurais dire exactement quel était le problème mais à la lecture de ce roman, la langue ne me semblait pas naturelle, ni fluide. Je butais sur certaines phrases et ma lecture n'en n'était que plus laborieuse. En outre je n'ai pas trouvé que la plume de l'auteur était très recherchée. Elle se laisse lire mais ne m'aura guère marquée en tout cas.
Tout ça pour dire : que contrairement à ce que je pensais, ce roman ne fut pas aussi agréable à lire que je le pensais. D'une part à cause du style de l'auteur qui pêche beaucoup en anglais et d'autre part à cause du personnage, insupportable à mon goût, de la journaliste américaine. Pourtant, l'histoire de ce roman est particulièrement intéressante et plutôt bien construite. Le récit de la petite Sarah est poignant et marquant. Je ne pense pas que je lirai d'autres romans de cette auteure, mais en tout cas j'irai voir avec grand plaisir l'adaptation cinématographique de ce roman qui m'a l'air bien prometteuse !
Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay
Titre VO : Sarah's key
Historique, Contemporain - Editions John Murray - 293 pages
Où l'acheter : Elle s'appelait Sarah