Ceux qui suivent un peu ce blog savent que je lis peu voire pas de thrillers ni de policiers (à part les Agatha Christie) pour la bonne et simple raison qu'il s'agit de genre que je n'affectionne pas vraiment. Or, Franck Thilliez venant faire une soirée spéciale dans ma bibliothèque, j'avais décidé de me lancer dans la lecture d'un de ses romans pour pouvoir suivre le déroulement de cette rencontre et éventuellement pouvoir poser quelques questions.
Ce roman, ce fut donc ma découverte de cet auteur. Et, je dois avouer que si ce ne fut pas un franc coup de coeur, j'ai beaucoup apprécié ma lecture et deux des autres romans de la bibliographie de Mr Thilliez sont déjà arrivés dans ma PAL.
Durant l'été, et à quelques centaines kilomètres l'un de l'autre, le lieutenant Lucie Hennebelle et le commissaire Franck Sharko enquêtent sur deux situations bien différentes mais aussi macabres et incompréhensibles l'une que l'autre. Alors que rien ne semblent les relier entre elles, ces deux policiers vont devoir collaborer pour élucider ces deux mystères, dont aucun des deux ne sortira indemne.
Quand j'ai commencé ce roman, je n'ai pas eu l'impression de lire un thriller. L'histoire est complexe, parfaitement bien ficelée et captivante mais je n'étais pas non plus accroché à mon livre, comme j'ai pû l'être pour d'autres lectures de ce genre. J'ai eu l'impression que la découverte du coupable passait un peu au second plan et que les différents meurtres et voyages n'étaient finalement que des excuses pour amorcer les idées sous-jacentes de l'auteur concernant la naissance de la violence dans la société. Et finalement, cela ne m'a pas déranger plus que cela, car ces idées, si elles sont très élaborées et disons le clairement un peu folles, elles n'en restent pas moins plausibles et traitées d'une telle manière que l'on ne peut se demander si l'auteur n'a pas raison. Après, je n'ai pas l'esprit scientifique du tout, et de fait, il m'est arrivé fréquemment, lors de ma lecture, de complètement décroché et de trouvé certains passages relativement longs (car s'étendant trop sur l'aspect technique du cerveau ou sur le côté technique cinématographique du roman).
Attention aux âmes sensibles, Le syndrome [E] n'est pas à mettre entre toutes les mains. Très graphique, noir et surtout détaillé, j'ai parfois eu presque un haut le coeur en lisant certains passages. Néanmoins, j'ai apprécié cette atmosphère sombre et étouffante qui se dégageait du roman, même si cela crée un certain malaise à la lecture.
Petit mot sur les personnages qui furent, à ma plus grande surprise (j'ai toujours beaucoup de mal à m'attacher aux personnages de policier/thiller), très attachant. Sharko, avec sa pathologie très handicapant, m'est apparu touchant et émouvant, et Lucie, forte et déterminée, est un personnage que l'on prend plaisir à suivre. D'ailleurs, ce sont véritablement les seuls personnages dont l'on se souvient, car les autres ne sont finalement que secondaires, n'apportent pas grand chose à l'ensemble du roman. La dynamique du roman repose essentiellement sur ce duo détonnant et au final, cela ne m'a pas dérangé plus que cela.
Mais l'aspect du roman que j'aurais le plus aimé, ce fut la plume de l'auteur. Assez brut de décoffrage, noire, incisive, elle m'a tout de suite plu, et pris aux tripes. Une chose est sûre, on ne sort pas indemne d'une telle lecture.
En bref, Le syndrome [E] m'a fait découvrir un auteur de talent même si je n'ai pas vraiment accroché à l'aspect thriller du roman. Néanmoins, il faut porter au crédit de Franck Thilliez qu'il nous livre ici un roman marquant et fort intéressant à lire.