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27 Juillet 2017
Benjamin Lacombe revient avec le mythe d’Ondine à ses amours romantiques et pré-raphaélites. Inspiré par les textes de Friedrich de La Motte-Fouqué et la pièce de Jean Giraudoux, il propose sa version du conte, où prédominent des images très picturales faisant écho aux peintures de Millais ou Waterhouse. Par un savant jeu de calques imprimés, il fait émerger toute la sensualité et la transparence de cet univers aquatique. Vibrant pour le beau chevalier Huldebrande, Ondine se noie dans les tumultes de l’amour, ses marivaudages et ses trahisons. Un grand conte, une épopée romantique dont les thématiques résonnent de manière étonnamment moderne.
J’ai découvert, il a quelques années, le travail de Benjamin Lacombe avec son « Blanche-Neige » que j’avais particulièrement aimé. Je cherchais à lire d’autres ouvrages dessinés par ses soins et j’ai donc réservé celui-ci à ma médiathèque, il y a peu de temps. Finalement, ce fut une lecture plutôt perturbante mais je suis à nouveau conquise par le talent de ce dessinateur/conteur.
Hans, châtelain aisé, se perd dans la forêt enchanté et est recueilli par un couple de personnes âgées. Ils lui offrent l’hospitalité et fait ainsi la connaissance de leur fille adoptive Ondine. Les deux jeunes gens tombent follement amoureux l’un de l’autre et décident de se marier. Pourtant Ondine a un secret. Un secret qui risque bien de mettre en péril leur couple et leur avenir.
Je ne connaissais pas du tout la légende d’Ondine, même si je me doutais que cela se rapprochait beaucoup de celle de La petite Sirène d’Andersen. Finalement, j’ai beaucoup apprécié la découvrir. En revanche, le récit m’a mis extrêmement mal à l’aise. Benjamin Lacombe nous livre une histoire d’amour finalement peu optimiste, très noire. Je me suis sentie oppressée durant ma lecture, dérangée…(Spoiler : Le côté ménage à trois m’a beaucoup déstabilisé). Alors, cela n’enlève rien à la beauté de l’histoire, entendons-nous bien. Mais c’est vrai que ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’ai eu un peu la sensation de lire un récit du Moyen-Age, type Tristan et Iseult. C’est très codé, très baroque. Et pour le coup, j’ai aimé ce côté un peu original du récit.
En ce qui concerne les personnages, j’avoue ne pas avoir grand-chose à dire. Ils sont bien caractérisés et répondent clairement aux codes des légendes un peu chevaleresque/fantaisistes. Hans m’est apparu un peu trop effacé. Le duo de femmes est plus présent. Je dirai même que Ursule est pour moi plus le personnage principal que ne peut l’être Ondine. Son côté malsain et sa personnalité perverse est un peu trop mis en avant au détriment du couple principal. J’aurais préféré une Ondine plus présente mais c’est peut-être aussi un choix de l’auteur afin de calquer à la personnalité versatile de cette créature des eaux.
Mais pour moi, la partie la plus intéressante de cet album/conte et la partie la plus exceptionnelle aussi, c’est le graphisme. A nouveau, j’ai été charmée par le travail de dessinateur de Benjamin Lacombe. Ces dessins correspondent parfaitement à l’atmosphère un peu lugubre et légendaire du récit. On est dans la noirceur tout en ayant de très belles notes de couleurs vives sur certaines planches. Un vrai beau travail, qui, rien que pour cela, mérite que l’on s’attarde sur cet album. J’ai beaucoup aimé le travail des calques également. Je suppose qu’ils sont faits pour mimer le côté « esprit de l’eau » d’Ondine et le rendu est vraiment très artistique. Ce qui m’a marqué, c’est à quel point les dessins m’ont fait penser à l’univers de Tim Burton. Tout au long de ma lecture, je me suis dis que cet album fera sûrement une superbe adaptation cinéma avec ce metteur en scène aux commande.
Ondine est vraiment un très beau livre-objet. L’histoire est noire, tragique mais très bien menée. Mais on va surtout s’émerveiller devant le talent de dessinateur de Benjamin Lacombe, qui nous offre vraiment des planches à couper le souffle.
Ondine de Benjamin Lacombe
Album - Editions Albin Michel - 36 pages
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